Gasiorowski Casimir, un maire aubygeois … polonais

 


1904 à 1919 : un maire aubygeois … polonais

Auby a une histoire longue et singulière avec la Pologne. Depuis fin 19ième siècle, des familles polonaises sont venues s’y installer, recrutées par la Compagnie Royale Asturienne des Mines puis au 20ième siècle par la Compagnie des Mines de l’Escarpelle.

Et plus récemment, un jumelage d’amitiés et d’échanges franco-polonais s’est tissé dès 1971. Auby et Czeladz signent formellement ce jumelage en 1976. Jumelage qui perdure avec son comité franco-polonais depuis plus de 40 ans !

Plus intriguant, le maire en poste à Auby de 1904 à 1919, est Casimir Gasiorowski.

Ce prénom résonne haut et fort à Auby. Eh, tous ceux du Bon Air et des Engrais d’Auby connaissent la Cité Casimir construite dans les années d’Entre-Deux-Guerres. Qui est Casimir ?

Casimir Gasiorowski (1861-1924) nait le 25 janvier 1861 à Odessa. A cette époque, la Pologne n’existe pas en tant qu’Etat. Nous sommes dans l’Empire russe. Odessa est un grand port sur la Mer Noire (aujourd’hui en Ukraine). Félix et Louise, parents de Casimir, sont polonais, avec des passeports de l’Empire russe. Ils viennent de Varsovie. Le père est architecte. La famille au complet : parents et les deux fils Ladislas et Casimir émigrent avant 1887 et s’installent dans le Nord de la France.

Sont-ils émigrés politiques, à l’image de Maria Sklodowska, épouse Curie, qui émigre elle en 1891 ?

Rapidement les deux frères se font naturaliser. Ladislas le frère aîné (4 ans plus âgé que Casimir) est architecte. Quant à Casimir, il possède une formation universitaire (de chimiste semble-t-il) avec le titre de docteur es science. Il est recruté en 1887 par Hans Gaspard Schintz, entrepreneur suisse installé à Liverpool, qui possède les Engrais d’Auby.  M. Schintz s’avère avoir du flair. Car Casimir possède une puissance de travail incroyable et assure le développement de l’entreprise en multipliant les fabrications de produits chimiques variés, en favorisant les ventes en France et à l’international.

Il épouse en 1896 à Arras : Julie Irma Louise Deconinck, née en 1873. Fille d’un négociant dunkerquois, installé à Arras. M. Deconinck occupe les fonctions de conseiller municipal à Arras.

Le couple a trois enfants : Jean, Wanda et Casimir (junior).

Casimir devient membre de la chambre de commerce de Douai, il est officier du mérite agricole. Non content d’être directeur des Engrais d’Auby, il devient maire dès 1904. On lui doit l’agrandissement de l’école des garçons avec deux nouvelles classes (actuelle crèche rue Ferry). Il a eu à gérer une période dramatique : l’occupation allemande durant 14-18 à la fois comme directeur d’une usine pillée et comme maire d’une ville occupée.

Les exigences des allemands sont sans fin et exorbitantes : contribution de guerre, amendes, otages, réquisitions. Casimir et son conseil municipal vont devoir émettre des bons communaux pour payer les contributions de guerre, intervenir auprès des autorités militaires allemandes pour éviter des brimades envers les habitants et surtout aider la population en détresse : distributions de bons alimentaires (du pain pour les familles dont les hommes sont appelés) et de denrées alimentaires, , … Il est obligé comme de nombreux Aubigeois d’héberger des officiers allemands dans sa maison.

A la fin de la guerre, après les destructions allemandes de tout l’outil industriel dans Auby, mais aussi de bâtiments civils et religieux comme l’église, tout est à reconstruire. Le chantier est immense. Lors des élections municipales de fin 1919, cela fait plus de 15 ans qu’il est maire. C’est Jean Facompré qui lui succède.

On peut dire de lui que c’est un entrepreneur dans l’esprit de la fin 19ième-début 20ième siècle. Il fut un travailleur acharné durant les 37 ans, où il a œuvré aux Engrais d’Auby (1887 à 1924) jusqu’à sa mort en 1924. Paternaliste comme le veut l’époque, il a fait construire avant 1914 une vingtaine de maisons pour les anciens ouvriers et mis en place une Caisse de Secours alimentée par l’usine (la Sécurité Sociale n’existait pas). Par la suite, les Engrais d’Auby ont fait construire durant l’Entre-Deux-Guerres la cité des 44 et la cité Casimir. Et c’est son épouse avec d’autres aubygeois, qui vont impulser la création de la Goutte de Lait (suivi médical des nourrissons), qui se transforme en consultation des nourrissons.

A sa suite, c’est une dynastie Gasiorowski qui continue de travailler comme dirigeants des Engrais d’Auby avec son fils Jean et son petit-fils Stanislas.

Il décède le 30 septembre 1924 à Auby à l'âge de 63 ans. Il est inhumé dans le cimetière d’Auby, où sa tombe est toujours visible.



Photo extraite du journal Ambassades et consulats : revue de la diplomatie internationale en 1927

Michèle Camus
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