Pour votre liberté et la notre.

Le 18 novembre 1945, dans une Varsovie dévastée et en ruines, des régiments de polonais venant de l'ouest défilaient en armes, équipés à l'américaine, en chantant : 

 "C’est nous les Polonais
du Nord, du Pas de Calais
Pour combattre le fascisme
ainsi que l’hitlérisme
Nous avons laissé là-bas
nos parents, nos amis
Et nous avons au cœur
une invincible ardeur
Car nous voulons porter
haut et fier
Le beau drapeau de la Pologne..."

Drapeaux des Groupements d'Infanterie Polonaise

D'où pouvaient bien venir ces hommes ?

Après la campagne de Pologne, en septembre 1939, l'Armée polonaise s'est retrouvée disséminée à travers le monde en guerre. Les hommes restés au pays ont entamé une lutte clandestine contre l'occupant dans les regroupements de Partisans. Dans le même temps, ceux qui avaient réussi à fuir le pays ont rejoint les mouvements de Résistance locaux ou ont combattu aux côtés des armées alliées. En dépit des difficultés, l'élan patriotique du soldat polonais lui a permis, à chaque fois que c'était possible de créer des régiments et des bataillons au sein d'armées d'autres pays. Ce fut le cas en France où fut créé le Groupement de l'Infanterie Polonaise (Zgrupowanie Piechoty Polskiej - ZPP) de la 1ère Armée Française "Rhin et Danube".



Le 28 août 1944, par ordre du Général De Gaulle, une action baptisée "l'Amalgame" était déclenchée. Cette opération, qui s'est déroulée à l'automne 1944, consistait à regrouper tous les mouvements de Résistance des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI, FTP MOI), de toutes tendances politiques et d'amener les résistants à rejoindre l'armée régulière; en l'occurence la 1ère Armée ou Armée B.

Le Commandant en Chef de cette 1ère Armée Française était le Général Jean de Lattre de Tassigny.

Les étrangers désireux d'intégrer cette armée devaient, soit s'engager dans la Légion Etrangère, soit acquérir la nationalité française.


Les chefs des mouvements de Résistance polonais, s'opposèrent à ces conditions et, en octobre 1944, firent appel au Comité de Libération Nationale en exil, dont le cabinet militaire entama des négociations avec le Ministère français de la Guerre et l'Etat Major Général des Forces Alliées; négociations qui aboutirent à la création au sein de l'armée française d'unités polonaises avec leur propre emblème (aigle) et instruction militaire.

 Deux bataillons de Groupement d'Infanterie Polonaise furent ainsi créés :

  • le 19ème GIP composé de résistants du sud et du centre de la France.
  • le 29ème GIP composé de combattants du nord de la France.
5ème compagnie du 19ème GIP

Ils étaient placés sous le commandement des colonels Thévenot et Huret, ainsi que des officiers polonais, notamment les commandants Jelen, Maszlankiewicz et Ghérard.

Administrativement, ces deux unités étaient rattachées  au 201ème RPNA (Régiment de Pionniers Nord Africains).

L'uniforme des unité polonaises

L'équipement et l'armement de ces unités consistaient en du matériel capturé, principalement allemand, provenant de la période des combats de partisans. Cependant, il a été progressivement remplacé par les armements américains, qui ont été utilisés régulièrement dans la 1ère Armée Française.

Les 19e et 29e groupes d'infanterie polonais n'ont pas eu une histoire de combats glorieux. Ils ont pris part à quelques batailles frontales. Jusqu'à la fin de la guerre, ils ont surtout été utilisés pour le service de garde, et plus tard, jusqu'en octobre 1945, ils ont fait partie des forces d'occupation françaises en Allemagne.

Bienvenue à l'armée polonaise de retour

Après les accords Staline-De Gaulle de décembre 1944, ce Groupement polonais (2800 hommes) fut ensuite autorisé à rejoindre la Pologne (en armes) où il défila à Varsovie en novembre 1945.

Polska Kronika Filmowa - Défilé du 18 novembre 1945 à Varsovie

Près de 1500 soldats restèrent en Pologne, les autres rentrèrent en France et reprirent leurs emplois dans les usines ou les compagnies minières.

Ceux qui restèrent furent les précurseurs de ceux qu'on allait appeler "les rapatriés", les polonais de France rentrés au pays pour "bâtir la Pologne nouvelle" et essentiellement installés dans les territoires pris à l'Allemagne..

Carte de combattant du 19ème GIP


Ce  fut la seule unité polonaise, ayant combattue à l'Ouest, a être reconnue par le Gouvernement Populaire Polonais. Ainsi que la seule unité étrangère de l'Ouest à rentrer dans un pays du bloc de l'Est, en formation organisée et les armes à la main au tout début de la Guerre Froide..

Des photos au son de l'hymne des 19 et 29 GIP

Une amicale des anciens combattants polonais de la 1ère Armée Française existe toujours en Pologne, leur devise est : "L'oubli est pire que la mort" (Zapomnienie jest gorsze od śmierci)
Cet article a aussi pour but de ne pas les oublier.

Pour approfondir le sujet, le travail de Gérard Soufflet :

André Szczerba

Sources : Mon site amée polonaise sur google, Zolnierz Polski nr 12 -1945, Stowarzyszenie Byłych Żołnierzy 1 Armii Francuskiej "Ren i Dunaj", Les compagnies polonaises du barrage de l'Aigle .





Commentaires

  1. Cet article emprunte beaucoup à mon site respol71.com. Voir en particulier page https://www.respol71.com/les-gip-de-la-foret-noire-a-varsovie (et suivante).
    Il conviendrait également de préciser que ces 19e et 29e GIP étaient composés de membres de la seule résistance communiste polonaise (ex-maquisards, MOI, engagés de la Libération), encadrés par des cadres kominterniens confirmés.
    Ceux qui restèrent en Pologne à leur démobilisation furent immédiatement versés dans des unités répressives qui installaient le régime communiste (ministère de la sécurité publique, milice, armée...)
    Gérard Soufflet

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    1. Bonsoir,
      Je découvre votre site et, en effet, il y a des similitudes mais nous parlons des mêmes choses et avons trouvé nos illustrations aux mêmes endroits. Je cite mes sources à la fin de mes articles. Ceci dit votre travail est beaucoup plus précis et étoffé que le mien.
      Je vais mettre un lien vers celui-ci.
      Cordialement
      André Szczerba

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