Main d'œuvre agricole
Recruter des ouvriers polonais avant la 1ère guerre, revenait à faire appel tantôt à des sujets allemands ou autrichiens, tantôt à des sujets russes. La politique des forces occupantes et une très forte natalité augmentèrent la misère obligeant les paysans à chercher du travail ailleurs. Si un grand nombre émigrait vers les Amériques, certains partaient alors «na Saksy» (en Saxe) dans les régions de culture betteravière. Mais les autorités allemandes germanisaient les zones polonaises qu’elles contrôlaient, forçant les Polonais à apprendre l’Allemand. Cette mesure déclencha un mouvement d’hostilité remettant en question les migrations vers la Saxe.
Les premières initiatives viennent du secteur privé : la "Société polonaise d’Emigration" située à Cracovie en Galicie autrichienne, recommande comme destination la France, "pays des libertés" et ouvre un bureau à Soissons, puis à Nancy, avec une succursale à Paris. Il ne s’agit encore que d’ouvriers saisonniers à qui l’on fait signer un contrat pour les mois d’avril à octobre et qui arrivent groupés, encadrés.
La C. A. R. D. est en mesure de procurer non seulement des
ouvriers agricoles, mais encore des artisans, maçons, forgerons, menuisiers,
charrons, etc., et aussi des ouvriers non agricoles; terrassiers, ouvriers
d'industrie, cuisinières, femme de chambre, valets de chambre, etc….
Les ouvriers agricoles qui demandent à venir travailler en
France ne sont acceptés que s'ils fournissent des références sérieuses. Ils ne
sont embarqués et dirigés sur le centre de Toul qu'après un examen médical
sévère : c'est grâce à ce travail de sélection préalable que la main d'œuvre peut
donner entière satisfaction ( voir articles "De Myslowice à Toul" et "Ceux qui sont venus par la mer..." )
Un agriculteur désirant recruter un ouvrier agricole
polonais doit remplir, en 3 exemplaires, un contrat écrit à la fois en français
et en polonais dont nous reproduirons le texte dans la suite. Les 3 exemplaires
du contrat sont destinés un à la C. A. R.D., un à l'employeur, un à l’employé.
Ils doivent être signés par le demandeur, légalisés par le maire de la commune et indiquer très exactement la nature du travail que l'ouvrier devra être apte à exécuter, ainsi que la durée du contrat et le salaire qui lui est offert.
Comme mentionné un peu plus haut, près d’un tiers de cette main d’œuvre agricole était constituée de femmes, les polonaises ont bonne réputation, elles sont robustes et efficaces mais surtout elles coûtent moins cher qu’un homme même si elles abattent un travail équivalent.
De toute façon, la loi française interdit le travail au fond de la mine pour les femmes qui sont tout au plus affectées au triage. Alors il reste les boulots dans l’agriculture, servante de ferme, etc…
Des mères de famille laissaient leurs enfants au pays, pour un an ou plus, afin de gagner de quoi les faire vivre grâce à l’envoi de mandats. D’autres signaient avec leur mari un contrat double, vacher et vachère par exemple : le couple était alors employé dans une grande exploitation.
Pour les filles parties seules et employées dans de petites exploitations, la situation pouvait devenir désastreuses si elles se trouvaient face à des patrons trop autoritaires (brimades, abus, viols, etc..).
Au bout de quelques années, s'ils n'ont pas décidés de repartir au pays, beaucoup de ces travailleurs agricoles se sont installés sur leur propre lopin de terre et se sont intégrés.
Cette immigration agricole a perduré, de manière saisonnière certes jusqu'à nos jours (les jours d'avant COVID bien sûr), car bon nombre de polonais venaient pour les récoltes fruitières et les vendanges en France.
André Szczerba
Merci André
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